Made in Silicon Valley, note de lecture

David Fayon_Made in Silicon ValleyNous utilisons chaque jour toujours plus de services en ligne. Les plus en vue font désormais tellement partie de nos usages quotidiens qu’on en oublie qu’ils sont les produits de multinationales puissantes. La plupart sont américaines. Leurs capitalisations boursières donnent le vertige. Leur hégémonie semble immuable. Avec ce nouvel opus, David Fayon explique comment nous en sommes arrivés là. Quels enseignements tirer de la croissance a priori sans limite des GAFA et autres NATU ? Comment nous autres Européens, pouvons-nous reprendre l’initiative dans un combat qui semble inégal ?

Ce que j’ai aimé

Au fil des pages, l’auteur ancre le digital dans le réel. Le lecteur comprend ainsi la réalité économique, politique ou encore sociale des outils numériques. J’ai apprécié ainsi les multiples illustrations chiffrées, les nombreux témoignages des acteurs qui fabriquent et opèrent ces services.

Les nombreux chiffres qui émaillent le texte, dépassent le seul périmètre géographique sous-entendu dans le titre de l’ouvrage. C’est bien d’une vision mondiale du numérique dont il est question. L’auteur y propose des comparaisons de chiffres d’affaire ou encore de productivité par salarié dans le monde entier. De quoi remettre en perspective les débats franco français, voire européens.

Dans un tour du monde des capitales technologiques, j’ai noté la mention spéciale de l’EPITA, école dont je suis sorti en 1994 et qui trône aujourd’hui à la 12e place du classement 2018 des écoles d’ingénieur en France selon l’Usine Nouvelle. Forcément ce clin d’œil m’a fait plaisir.

Le livre apporte aussi un regard réaliste sur les conséquences sociales du numérique. Les structures aujourd’hui établies, notamment en Californie, mais pas seulement, mêlant universités et entreprises de technologies, attirent toujours plus d’ingénieurs, au détriment de la qualité de vie locale. Ce qui peut représenter de belles opportunités pour les régions du monde plus respectueuses de l’équilibre de vie.

L’auteur n’est pas avare de bons mots distillés ici et là, égaillant la lecture, comme « Le Canada a vu naître le BlackBerry et il le verra certainement mourir à Waterloo ».

On y découvre aussi quelques anecdotes étonnantes, par exemple pour la formation initiale des collaborateurs chez Facebook chez qui « les ingénieurs et chefs de projet passent six semaines de formation au siège avec un mentor ». Des pratiques de management modernes qui s’accompagnent également d’un rapport au salariat et au capital très différent de celui que nous connaissons en France.

Ce que j’ai moins aimé

A vrai dire pas grand-chose, si ce n’est l’étrange sentiment que nous, Européens, sommes en train de passer à côté de quelque chose. Nous formons des ingénieurs reconnus dans le monde entier. La Silicon Valley, mais aussi Singapour ou d’autres structures similaires, les attirent, tandis que nous peinons à développer les conditions d’émergence d’un nouveau siècle des Lumières, numériques cette fois-ci.

Conclusion

Au final, la lecture de cet ouvrage montre à quel point l’Internet est devenu un sujet sérieux que nous Européens, négligeons. Ce livre vous aidera à en prendre conscience et à vous préparer à agir. Les propositions concrètes pour la France intéresseront les pouvoirs publics. Ils méritent d’être débattus au plus haut niveau. J’espère sincèrement qu’elles attireront l’attention de nos dirigeants.

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