L’apocalypse numérique n’aura pas lieu, note de lecture

Début 2019, Guy Mamou-Mani nous prévenait : l’apocalypse numérique n’aura pas lieu. À l’époque les fâcheux annonçaient la fin du monde d’avant, pour le pire. Les robots allaient remplacer les travailleurs. L’intelligence artificielle allait surpasser l’homme. Les réseaux sociaux allaient continuer d’abrutir des générations entières d’internautes. Les plateformes allaient saper les droits sociaux acquis de haute lutte. D’autres prédictions du même acabit attribuaient au numérique tous les maux de nos sociétés modernes. À contre-courant des Cassandre et autres marchands de peur, l’auteur se veut positif à l’endroit du numérique. Depuis, la crise du Covid-19 est passée par là et a montré à quel point son récit était prémonitoire : aucune apocalypse numérique à l’horizon. On peut même affirmer que le numérique nous a sauvé de la syncope sociale provoquée par les confinements et autres mesures sanitaires.

Pour les plus pressés, voici la version courte de cette note de lecture, en format vidéo :

Mes commentaires sur L’apocalypse numérique n’aura pas lieu

Ce que j’ai aimé

Tout d’abord, et c’est une grande qualité pour un livre qui cible un lectorat de haut niveau, de cadres dirigeants, Guy Mamou-Mani se veut pédagogue et rassurant. Au fil des pages, il sait se mettre à la portée du lecteur décideur bien que béotien de la chose numérique. Il propose aussi des concepts pour accompagner la transformation de notre société. Par exemple sur l’éducation, il propose d’emmener nos enfants en Numérie. Une terre où ils apprendraient à maîtriser le numérique, tout du moins à acquérir les connaissances de base du XXIe siècle : lire, écrire, compter, coder.

L’auteur n’hésite pas non plus à convoquer d’autres auteurs, comme Laurent Alexandre, bien connu pour ses positions alarmistes sur le devoir de l’humanité qui aurait déjà perdu la bataille face à l’IA. Le lecteur assiste ainsi à un dialogue entre experts par livres interposés. Un dialogue qui nourrit la réflexion du lecteur et l’invite à creuser les éventuelles contradictions.

L’ouvrage est truffé de références et d’exemples, qui peuvent étonner. Au détour de la page 53, j’ai ainsi été surpris d’apprendre que l’industrie extractive et minière est celle où le numérique est le plus fécond. Un secteur qui serait donc en tête de la maturité numérique ? Sûrement un point à vérifier en faisant une campagne de diagnostics de maturité digitale (mon activité professionnelle n’est jamais très loin…).

L’ouvrage invite aussi à l’action, à sortir de la simple contemplation d’un monde numérique qui nous échappe. L’auteur, s’adressant aux cadres dirigeants se veut vindicatif page 64 : « Le diagnostic est établi, incontestable. L’heure n’est plus à la production de rapports, qui tous convergent pour souligner l’impérieuse nécessité de la transformation numérique. Cessons de remplir les tiroirs ! Il est temps d’agir, désormais ! »

N’oublions pas aussi que l’auteur est également chef d’entreprise. Il ne se contente pas d’énoncer des théories et des principes. Il les met en œuvre. Comme par exemple avec le télétravail au sein du groupe Open. C’est aussi un homme engagé par exemple avec French Tech Diversité, avec l’opération « banlieues numériques » ou encore avec l’association Jamais Sans Elles. Difficile donc de le taxer d’être hors sol. Il est dans le réel.

Ce que j’aurais aimé

J’aurais aimé que tous les candidats à la présidentielle lisent L’apocalypse numérique n’aura pas lieu. On s’étonne d’ailleurs que la seule exigence pour se présenter à l’élection suprême soit d’avoir 500 parrainages d’élus. Pourquoi ne pas demander, comme c’est le cas dans de nombreux concours, un niveau de connaissance minimal des concurrents, notamment sur le numérique ? Un peu de culture générale, une compréhension des grands enjeux, nous aideraient grandement à traiter ce sujet au niveau qu’il mérite.

Comme j’ai lu le livre près de trois ans après sa sortie, je me suis interrogé sur les évolutions arrivées depuis et j’aurais aimé que Guy nous propose une mise à jour de son livre. Par exemple page 62 l’auteur évoque le rapport Croissance connectée de 2017 (mené par Amal Taleb), du Conseil National du Numérique (Mounir Mahjoubi était alors président du CNNum). Cinq ans plus tard, les PME ont-elles gagné en maturité numérique, toutes choses égales par ailleurs, hors impact Covid-19 ? Les 4,5 millions d’euros consacrés aux diagnostics de maturité numérique de 20000 entreprises a-t-il porté ses fruits ? Les 60 millions d’euros de chèque numérique distribué par France Num (donc hors programmes équivalents portés par les régions et les départements) ont-ils amélioré la maturité numérique des PME ? Que penser des Activateurs Numériques et des Médiateurs Numériques ? Autant de questions qui militent pour une mise à jour de l’ouvrage, sachant que les éléments de fond restent valables encore aujourd’hui.

Conclusion

Vous l’aurez compris, je recommande vivement la lecture de L’apocalypse numérique n’aura pas lieu, à commencer par les sceptiques du numérique, et plus largement par les dirigeants d’entreprises, et les hommes et les femmes politiques. Être au service des entités économiques qu’ils servent, c’est garder sa hauteur de vue notamment en 2022 en prenant en compte le monde numérique dans lequel nous vivons. Guy Mamou-Mani sait mieux que personne leur expliquer les profondes transformations en cours. Pour tous ceux qui sont en contact direct avec ces dirigeants, l’ouvrage fournit des éléments de langage pour convaincre les décideurs à aller de l’avant. Alors, qu’attendez-vous pour commencer votre lecture ?

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