Relayant une étude de la société Sciforma, Cadremploi posait la question : « Pas plus de 12 minutes de concentration au bureau : est-ce grave ? ». L’annonce est péremptoire et sans appel : nous serions donc désormais dans une époque où il n’est plus possible de travailler sans être interrompu toutes les 12 minutes en moyenne. Et on se prête à regretter le temps bénis qui précéda l’invention du téléphone, cet affreux moyen de communication qui perturbe la quiétude de nos journées.
Et comme les réseaux sociaux sont à la mode, ils sont évidemment montrés du doigt comme étant un des agents générateurs de perturbation. Car c’est bien connu, les salariés des entreprises sont excessivement attentifs à l’arrivée d’un message provenant de leur réseau social favori. A croire que les tâches qui leur sont confiées sont d’un tel ennui, que l’émergence des réseaux sociaux dans leur poste de travail a pu leur sembler libératoire.
Le communiqué de presse de Sciforma donne plus de précisions : en recevant en moyenne 40 messages par jour, sur une durée moyenne de temps de travail journalier de 8 heures, chacun reçoit un message toutes les 12 minutes. Conclusion, je cite, « Il est impossible de travailler plus de 12 minutes sans être interrompu ». CQFD. Et encore, l’étude ne prend pas en compte les interruptions dues aux conversations des collègues de bureau. Dommage.
Toutes ces interruptions sont-elles réellement subies par les français ? Seraient-ils à ce point incapables de désactiver les notifications automatiques d’arrivées d’emails, les notifications de publications sur les réseaux sociaux auxquels ils sont abonnés, la sonnerie de leur téléphone, etc, jusqu’à désormais être dans l’impossibilité de travailler plus de 12 minutes sans être interrompus ?! Si c’est effectivement le cas, il est urgent que les entreprises aident leurs collaborateurs à mieux utiliser les outils qui leurs sont mis à disposition, mais aussi les outils et services qu’ils apportent avec eux au sein de l’entreprise.
Il est également nécessaire d’étudier objectivement l’apport de ces outils à la création de valeur. Et si pour créer plus de valeur, travailler plus efficacement, il s’avérait préférable de favoriser la fluidité des interactions en développant massivement l’usage des médias sociaux, et en acceptant la part d’utilisation personnelle qui peut en être faite ? De la même manière que dans le passé, les machines à café se sont progressivement imposées dans les locaux des entreprises, contribuant ainsi au lien social qui unit les collaborateurs au-delà des liens fonctionnels entre les postes qu’ils occupent, les médias sociaux sont un formidable accélérateur de collaboration. Pour s’en convaincre, il peut être utile de prendre connaissance des nombreux exemples qui sont détaillés dans « Les médias sociaux expliqués à mon boss ».
Se priver du potentiel des médias sociaux, sous prétexte que les collaborateurs risquent d’être distraits dans leur travail, revient à éluder un sujet bien plus important : l’intérêt des tâches confiées, et la motivation des collaborateurs à les réaliser avec la meilleure efficacité possible. C’est en réfléchissant à ces aspects qu’il sera possible de mettre en perspective le temps de travail avec la manière d’interagir avec son entourage professionnel et personnel, au profit du collaborateur et de l’entreprise, et non en comptant les messages qu’ils reçoivent sans mettre en relief la pertinence de ces messages.
Bonjour,
Il faut arrêter une bonne fois pour toute avec ce concept de nombres d’heures passés dans un bureau, travailler 8 heures ou bien 24 heures par jour ne sert à rien si ce qu’on est entrain de faire n’est pas utile pour soi et pour son entourage et la société. Réseaux sociaux ou pas, je pense que l’on devrait encourager les métiers de l’invention et de l’ingénierie qui demandent une démarche technique au lieu de gaspiller son temps bêtement dans un bureau.
La notion de temps de travail est un fondement important de nos sociétés. Comment préconisez-vous de nous en affranchir ?