J’ai débranché, note de lecture

J'ai débranché, Thierry CrouzetComment vivre sans Internet après une overdose ? C’est la question que s’est posé Thierry Crouzet (@tcrouzet). Et pour y répondre, il s’est coupé du monde merveilleux d’Internet pendant 6 mois et raconte son expérience dans son livre.

Au fil de son livre, Thierry Crouzet explique comment il a été amené à s’interroger sur sa psychologie, comment il a redécouvert les plaisirs simples de la vie, comment il a repris goût aux échanges directs avec ses semblables, ces humains pas forcément tous connectés en permanence à Internet.

La lecture de l’ouvrage m’a également amené à réfléchir sur ma propre consommation d’Internet et à me poser la question : et si je débranchais aussi ?

Ce que j’ai aimé et ce que j’ai moins aimé

Étant un utilisateur d’Internet depuis un peu plus de 20 ans maintenant, cette expérience n’a pas manqué d’aiguiser ma curiosité. D’autant plus que c’est par l’intermédiaire d’une publication de Loic Le Meur sur Google+ (si mes souvenirs sont exacts) que j’ai eu connaissance de la sortie du livre. En d’autres termes, si je ne suivais pas Loic sur les médias sociaux (et donc via Internet), je n’aurais probablement pas su que le livre était sorti. Une belle illustration de l’apport d’Internet dans ma vie.

Je me suis donc plongé avec délice dans la lecture de l’ouvrage. Comment peut-on décider un beau matin de se couper d’Internet ? D’autres par le passé ont pu décider de se passer d’électricité, de se désintoxiquer des drogues, ou encore d’arrêter de manger de la viande. Mais se couper d’Internet, voilà qui est nouveau ! L’auteur décrit les différentes étapes de son sevrage. C’est bien écrit, on ressent bien les états de manque, les questions profondes qu’il se pose sur sa psychologie et sa relation aux autres. Le récit change brutalement de style au moment où l’expérience pousse l’auteur à prendre même du recul avec les ordinateurs. Ce passage est d’ailleurs quelque peu déroutant sur le plan du style. Au final, j’ai apprécié l’ouvrage, mais je suis resté sur ma faim concernant l’expérience elle-même. En effet, l’auteur a continué d’utiliser Internet par l’intermédiaire de sa femme. Une coupure complète aurait été probablement encore plus riche d’enseignements.

Et si je débranchais aussi ?

Au fil des chapitres, je me suis demandé si j’étais moi-même accro au net. Une chose est sûre, il me semble que j’en ai un usage bien plus modéré que l’auteur avant sa crise, malgré ce que peut en dire mon entourage. Je me suis amusé à noter pendant une semaine comment j’utilisais Internet au quotidien, en me posant à chaque fois la question : aurais-je pu faire autrement ?

Le premier jour lors du petit-déjeuner, la lecture en quelques minutes des messages publiés sur Facebook pendant la nuit m’a permis d’apprendre que Jean Dujardin avait reçu l’Oscar du meilleur acteur. Avant Internet et les médias sociaux, j’aurais probablement appris la nouvelle au journal TV du matin (que je ne regarde plus depuis environ 15 ans…). J’ai aussi appris qu’un ancien collègue s’apprêtait à courir son premier semi-marathon. Impossible d’obtenir cette information autrement que via les médias sociaux. Sans Internet, je n’aurais tout simplement pas pu conserver le minimum de contact qui m’aurait permis d’être informé. Et j’aurais raté l’occasion de partager mon expérience de ce type de course. Toujours en petit-déjeunant, un coup d’œil sur ma messagerie professionnelle m’a appris que le rendez-vous que je devais avoir le matin-même était reporté. Aussitôt, changement d’agenda de ma journée. Sans Internet, je me serais déplacé inutilement et j’aurais probablement maudit celui qui venait d’annuler le rendez-vous. Sans Internet, il faut être bien plus prévoyant… Enfin, un autre email m’a permis d’être au courant des dernières nouvelles intervenues chez mon client, avant même d’arriver sur les lieux. Les premiers échanges sont immédiatement opérationnels. Inutile en effet de me faire un résumé de la situation dont j’ai déjà pris connaissance. Sans Internet, un point de synchronisation aurait été nécessaire, voire une réunion d’équipe, encore plus chronophage.

Sur le trajet dans les transports en commun, j’ai poursuivi en toute discrétion des discussions via Google Talk, Foursquare et Facebook. Sans Internet, ces discussions n’auraient jamais eu lieu. Certaines sont futiles (autant que celles qui ont lieu devant les machines à café dans les entreprises). D’autres étaient plus profondes et m’ont enrichi.

Application SNCF sur BlackBerrySur le trajet retour, compte-tenu des problèmes de transports en commun de ces derniers temps, un coup d’œil sur l’application SNCF installée sur mon BlackBerry m’a fait renoncer à choisir un trajet alternatif à mon trajet habituel. Sans Internet, j’aurais perdu une demi-heure sur un quai de gare dans le froid de l’hiver. Et une demi-heure à 20h30 pour un père de famille, ça compte !

En soirée, un candidat à la présidentielle débattait sur TF1. La chaîne proposait de poser des questions au candidat… via Internet. Auparavant, il aurait été impossible au citoyen de pouvoir poser ses questions, à moins d’avoir été retenu pour faire partie du panel des invités sur le plateau. Probabilité infinitésimale. Il fallait donc s’en remettre aux journalistes. Cela dit, la possibilité offerte par les médias sociaux n’est pas pour autant un gage de qualité des échanges de la démocratie participative.

Le lendemain, je devais me rendre à Paris dans un endroit où je n’étais jamais allé. En une minute sur ratp.fr, je savais comment m’y rendre et combien de temps prendrait le trajet. Avant Internet, il était nécessaire de disposer d’un plan de Paris récent pour identifier les stations de métro les plus proches. Les arrêts de bus étaient rarement indiqués dans ce type de plan. Les agents au guichet ne disposaient pas non plus d’informations plus précises. En ce sens, Internet apporte gain de temps et de fiabilité.

Sur le trajet, un incident a interrompu le trafic. J’étais alors coincé dans un tunnel… sans connexion Internet mobile. Le drame ! Impossible d’envoyer un message à la personne que je devais rencontrer. La coupure du réseau en est d’autant plus insupportable. Serais-je donc accro à l’Internet utile ?

Google Maps sur BlackBerryEn arrivant dans le quartier, c’est avec l’application Google Maps installée sur mon BlackBerry que je me suis orienté. Sans Internet, il m’aurait fallu étudier le plan affiché dans la bouche de métro, retenir les noms des rues à prendre, ou encore demander mon trajet aux passants. Encore un service bien pratique, que j’ai d’ailleurs déjà utilisé par le passé pour renseigner des personnes perdues. A ce titre, le service d’orientation offert par Google Maps n’est pas un frein à l’échange direct avec les personnes que l’on croise.

En soirée, je suis allé m’entrainer équipé de ma montre cardio-GPS et de l’application Endomondo pour BlackBerry. Avant l’arrivée sur le marché des montres cardio, un coureur à pied prenait régulièrement son pouls à la main (en multipliant par 10 le nombre de battements comptés en 6 secondes, on obtient une bonne approximation du rythme cardiaque à la minute). Quant aux GPS, leur apparition a permis de s’affranchir de courir sur des parcours balisés. Endomondo est un pur produit du web social : rendu possible par la combinaison du GPS et de l’Internet, ce service permet en effet à mes amis qui le souhaitent de suivre en direct mon entrainement sur une carte. Ce qui n’a pas grand intérêt en soi, et qui pourtant intéresse certains, surtout sur les compétitions. Internet rend possible cette connexion avec son entourage. Ce qui ne veut pas dire qu’elle la rend obligatoire. Si je ne veux pas allumer Endomondo, libre à moi. Et mes amis ne sont pas obligés de me suivre non plus. Certains d’ailleurs trouvent déjà excessifs de voir publié sur ma timeline Facebook le résumé des séances captées par Endomondo. Internet offre ici des possibilités nouvelles dont il convient de ne pas être esclave.

Un peu plus tard, les données collectées par ma montre cardio-GPS se sont automatiquement déversées sur le site Garmin Connect. Avant Internet, il me fallait noter dans un petit carnet les informations clés de mes entrainements. L’analyse a posteriori nécessitait de parcourir les pages à la recherche d’une séance similaire par exemple, pour observer la progression. Garmin Connect me permet à tout moment et où que je sois, d’étudier une séance passée, avec une richesse d’informations exceptionnelle. Je discute par ailleurs de mes entrainements avec d’autres marathoniens que j’ai « cerclés » dans Google+. Discussions que j’avais auparavant avec mes camarades de club. Mais je ne suis plus en club depuis 15 ans ! Internet me permet donc de continuer d’améliorer mes connaissances sur les techniques d’entrainement.

AlloCine sur BlackBerryLe lendemain, c’est sur le quai de la gare que j’ai consulté l’application AlloCiné sur mon BlackBerry pour choisir le film que je comptais aller voir. Sans Internet, j’aurais sûrement acheté le Pariscope en librairie (à propos, existe-t-il toujours ?). Et je n’aurais bien sûr pas pu connaître les avis de mes amis autrement qu’en ayant discuté du film au hasard d’une rencontre dans les jours précédents, et encore moins les avis des spectateurs que je ne connais pas.

Un peu plus tard, ce sont enfin mes parents qui, tout juste arrivés à destination de leur voyage de printemps, me contactent en vidéo via Windows Live Messenger. Avant Internet, impossible de se voir en direct. Au mieux un appel téléphonique aurait permis un échange vocal qui n’a pas le même impact que la vidéo.

Juste une question d’équilibre

C’est ainsi qu’au fil des journées, j’utilise ces services sans même y faire attention tant ils font désormais partie de mon quotidien. En réfléchissant à cet article, j’en avais même occulté certains services tels que Twitter, les SMS, BlackBerry Messenger et bien-sûr la téléphonie mobile. Et pourtant, tout ceci n’est possible que grâce à Internet.

Tous ces services m’ont été utiles. Bien sûr je pourrais m’en passer. Et c’est bien sur ce point que l’expérience de Thierry Crouzet est intéressante. Pour s’en passer il faut au préalable avoir gardé pied dans la réalité. Nous ne sommes pas des êtres réseau. Nous sommes des êtres sociaux qui peuvent utiliser le réseau pour entretenir nos relations sociales.

Vous qui êtes arrivé au terme de ce long article (bravo !), arrivez-vous à vous passer d’Internet ? Avez-vous conscience de ce que ce réseau vous apporte au quotidien ? Comment vivez-vous une interruption de réseau ou l’oubli de votre smartphone ? Pour en débattre, je vous propose bien sûr, de poster vos commentaires ci-dessous… en utilisant Internet :-).

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22 commentaires sur « J’ai débranché, note de lecture »

  1. Ma femme ne ma jamais servie de connexion de rechange, sauf 2 fois, une pour acheter un billet de train, une autre pour commander un livre 🙂 Rien d’autres, et surtout pas accéder aux réseaux sociaux ou à mon blog, ce qui est le véritable problème.

    Si tu as lu autre chose, c’est plutôt étrange…

    Je n’ai pas écrit un livre sur internet, ce que j’ai déjà fait plusieurs fois, mais sur vivre aujourd’hui… ce qui est un projet très différent.

    1. Le simple fait que ta femme dispose d’Internet, même si elle ne répond pas directement à tes demandes d’utilisation du réseau, biaise l’expérience. La coupure totale, y compris de ton entourage, aurait probablement fait émerger des difficultés de vie quotidienne encore plus importante.

      J’ai bien compris que ton propos était sur le vivre aujourd’hui. Cependant j’ai été surpris de la quasi absence de ce que j’appelle l’Internet utile, celui qui me manquerait le plus si je débranchais également. J’ai senti aussi beaucoup d’amertume dans les derniers chapitres, voire du mépris au regard de ces pratiques auxquelles tu t’adonnais par le passé. C’est dommage, mais bon, c’est ce que tu as vécu.

      Et aujourd’hui que tu as rebranché, arrives-tu à équilibrer ta pratique ?

  2. Et bien cela va vous paraître stupide, mais moi je me coupe d’Internet pendant une journée chaque semaine. Ce n’et pas un choix personnel, c’est tout simplement … chabbat. Un juif pratiquant n’utilise pas l’électricité du vendredi soir (coucher du soleil) au samedi soir (sortie des étoiles), et coupe donc Internet. Ni mail, ni tweets, ni iPad. La lecture du journal papier, d’un bon livre. Le retour à mon vieil atlas si j’ai besoin de consulter une carte. bref, à l’ancienne.

    Cela fait énormément de bien. Permet de prendre du recul sur des tas de sujets, de donner de la perspective si ce n’est du sens, aux événements de la semaine.

    Et puis, bien entendu, dès la fin de chabbat, on se jette sur son iPhone pour vérifier que rien n’a vraiment changé…

  3. J’allais pas divorcer pour écrire ce livre. 🙂

    Mon problème était avec l’internet social, et je pense que c’est là que quelque chose de neuf se joue, pas dans le fait d’acheter à distance ses billets de train ou de faire sa déclaration fiscale.

    L’internet utile j’en parle dans le livre, en précisant qu’il ne pose en lui-même aucun problème par rapport aux réseaux sociaux, c’est d’eux que je me tiens à distance en ce moment, parce que oui je pense qu’ils sont nocifs dans leur configuration actuelle (cf dernier billet de mon blog). Il nous amèneront au 5eme pouvoir, mais y’a du travail.

    Sinon l’équilibre ne m’a jamais intéressé. Une vie équilibrer, c’est une vie sans intérêt.

  4. « Étant un utilisateur d’Internet depuis un peu plus de 20 ans maintenant… »
    le premier navigateur web étant apparu il y a seulement 19 ans, je dis bravo 😉

    Perso je suis sur twitter depuis plus de 10 ans et c’est cool !

    1. Vous avez raison Fabien, le premier navigateur Web a bien été créé en 1993 (Mosaic) bien que le principe des liens hypertexte existait depuis 1989. Et c’est bien pour cela que j’ai parlé d’Internet, pas de Web. En 1991 mon école mettait à disposition des étudiants un accès au réseau Internet, une messagerie électronique. On pouvait déjà utiliser les newsgroups (les ancêtres des forums) et le talk (l’ancêtre du chat) sous Unix fonctionnait très bien d’un bout à l’autre de la planète. En revanche vous m’épatez d’être depuis 10 ans utilisateur d’un service créé il y a 6 ans :-).

    2. Fabien, Internet ne se réduit pas au web. J’utilise le mail et les newsgroup – et donc Internet – depuis 1988, soit 24 ans. Michael est arrivé un peu en retard 🙂

      De mémoire, mon accès se faisait via un cable qui reliait le port série de mon Atari ST at modem intégré au Minitel, et me permettait de me connecter à Transpac via l’INRIA. Et ça marchait très bien, j’ai même pu télécharger un interpréteur Lisp et un Prolog de cette manière.

      1. Nos commentaires se sont croisés et je dois m’incliner. Il n’y a bien qu’en course à pied que j’arrive à faire mieux que toi Hervé :-).

  5. « En effet, l’auteur a continué d’utiliser Internet par l’intermédiaire de sa femme » ; « Le simple fait que ta femme dispose d’Internet biaise l’expérience ».
    Voilà deux informations complètement différentes et qui méritaient d’être commentées par l’auteur lui-même. Je trouve dommage de modifier les discours et/ou faits d’autres personnes pour proposer son propre jugement s’il n’a pas lieu d’être.

    Maintenant, pour ce qui est de vos réflexions sur l’Internet ou les réseaux sociaux…

    A vous lire, on a l’impression que sans votre smartphone scotché dans la main, vous seriez comme un enfant perdu dans un centre commercial. Je trouve çà d’une tristesse !
    Somme-nous tant pressé dans la vie pour devoir éviter tel ou tel retard ? Devons-nous systématiquement aller au plus simple ? Devons-nous tout savoir sur tout ?

    Votre questionnement sur Facebook, plus bas, ne m’a pas convaincu non plus. J’ai été dans le cas de votre amie Christelle, mes relations amicales sont redevenues ce qu’elle étaient avant Facebook, je vois mes amis quand j’en ai envie, si je pars en vacances, ils verront mes photos prises sur place, peut-être pas à la minute à laquelle elles ont été prises, mais sommes-nous encore une fois si pressés ? Ils les verront avec moi, autour d’un apéro de retrouvailles, je trouve çà beaucoup moins triste. De plus, mes états d’âmes n’ont pas besoin d’être divulgués à tort et à travers sur la toile.

    « Sans Internet, je n’aurais tout simplement pas pu conserver le minimum de contact qui m’aurait permis d’être informé.  » Est-ce vraiment important, nécessaire pour un entretien relationnel de savoir qu’un ami va courir un semi-marathon… ?

    Personnellement, je ne peux plus supporter d’entendre en soirée des phrases du genre « t’as vu ce qu’il a mis sur Facebook l’autre ? » « Tiens, j’ai vu sur Facebook que machine avait cassé avec son mec ». C’est devenu d’un ridicule….

    Pour finir par une analyse plus psychologique, je dirai que tout ceci semble aller dans le même sens. Les gens semblent ressentir de plus en plus le besoin d’être « quelqu’un », d’être admiré, reconnu par son entourage, voire par la masse.
    Notre société et son évolution, de part les influences environnantes (médias, publicité) nous incitent à contourner, éviter cette vie « morose, triste » qu’on voudrait nous faire croire que l’on mène, et que l’on pourrait soit disant éviter en étant « aware », connecté en permanence avec le monde qui nous entoure.
    Se faire connaître, crier son existence.
    Personnellement, je pense que ceci nous mènera à notre perte intellectuelle, sentimentale et sociale.
    Peut-être penserez-vous que je vais un peu loin. Mais votre blog étant un blog de réflexions, je me permet d’étaler mon ressenti sur cet espace de commentaire m’étant proposé.

    J’ai bien lu cependant que vous appeliez à un raisonnement, à un équilibre. Mais je pense que l’internet utile que vous défendiez peut être à mon goût dangereux, d’une certaine façon. Ne surtout pas devenir esclave de la facilité.

    1. Merci d’avoir pris le temps de commenter cet article, ainsi que d’autres articles que j’ai publiés sur mon blog. Je me sens privilégié d’avoir eu le droit à une relecture commentée de plusieurs de mes articles.

      Thierry Crouzet a eu l’occasion de commenter ce que je disais à propos de l’utilisation d’Internet par sa femme, lorsque que je l’ai interviewée aux Assises des Médias Sociaux le 11 avril dernier. Je vous invite à l’écouter.

      Je suis surpris que vous ayez l’impression que sans mon smartphone je serais « comme un enfant perdu dans un centre commercial ». Dois-je m’attendre à entendre une annonce pour que mes parents viennent me chercher à l’accueil ? 🙂

      Vous posez 3 questions importantes qui mériteraient chacune un article. Je vais néanmoins tenter de faire une réponse synthétique. Sommes-nous tant pressés ? Oui car nous voulons trop en faire. Devons-nous aller systématiquement au plus simple ? Non, il faut aussi savoir approfondir. Devons-nous tout savoir ? Non, et Socrate l’avait d’ailleurs bien compris.

      Concernant Facebook, je persiste à penser que l’usage que chacun en fait est déterminant. Personne n’oblige personne à partager chaque instant de sa vie, à lire ou regarder ce que ses « amis » publient. C’est un choix qui appartient à chacun. Et Facebook n’empêche en rien les retrouvailles autour d’un apéro.

      Oui, je pense que c’est important pour entretenir une relation, de savoir qu’un ami va courir un semi-marathon. C’est une marque d’intérêt pour l’autre. C’est une opportunité d’engager le dialogue sur un événement important pour lui.

      Pour ma part, j’entends rarement en soirée de remarques sur ce que les uns et les autres publient sur Facebook. On en parle sans que ce soit une obsession. Aurais-je la chance d’avoir dans mon réseau relationnel proche des gens qui auraient échappé à cette dérive ? Il y a quelques années, les gens se retrouvaient à la machine à café le matin dans les entreprises pour échanger sur les programmes diffusés la veille au soir par les chaînes nationales. Était-ce préférable ?

      Le besoin de reconnaissance n’est pas nouveau. Il est peut-être exacerbé par les médias sociaux, mais il existe au fond de chaque être humain. Je ne vous suis pas sur ce que les médias et la publicité nous incitent à contourner. Les médias et la publicité cherchent d’abord à développer les ventes des annonceurs. C’est leur fonction. Encore une fois, chacun est libre d’interpréter les messages que diffusent les médias traditionnels. Il est même aisé d’éteindre la télévision, de ne pas lire toujours les mêmes journaux, ou d’écouter toujours la même radio. Les médias sociaux sont à ce titre un formidable outil d’ouverture sur d’autres points de vue. L’exemple du dialogue que nous avons actuellement par blog interposé en est une belle illustration.

      Je suis en désaccord avec vous également sur votre prédiction de ce où tout ça nous mènera. Il n’a jamais été aussi facile d’accéder au savoir, je ne crois donc pas à une perte d’intelligence. Les plus jeunes, pourtant nés avec les technologies, expriment leurs sentiments comme leurs ainés, dans leurs échanges quotidien en face-à-face. Je ne crois donc pas à une perte sentimentale. Enfin sur le plan social, il n’a jamais été plus simple d’élargir son champ relationnel. Je ne crois donc pas à une perte sociale.

      Je ne pense pas que vous alliez trop loin. Vous avez votre point de vue et je le respecte. Vous avez pris le temps de répondre et d’engager le dialogue, confrontant votre point de vue au mien.

      Quant à la conclusion de votre commentaire, nous sommes en phase sur la nécessité de ne pas être esclave de la technologie. En revanche, être esclave de la facilité est un autre débat. Ce n’est pas qu’une question de technologie et de ce qu’elle nous permet d’accomplir. C’est une question plus large que l’on peut appliquer à de nombreux domaines. Pour nous occidentaux, il est par exemple facile d’accéder à l’eau potable, à l’électricité, au transport, etc. Faut-il revenir au lavoir, au puits pour l’eau, à la cheminée, à la calèche, etc ?

  6. Bjr ! Saviez vous qu’il y a deux mondes ?
    Le monde moderne, d’Internet, dont je fais partie ou nous absorbons une quantité monstrueuse d’information, ou je suis partout en même temps et ou je suis un vrai citoyen engagé, et l’ancien monde ou les gens sont idiots, ne sont même pas ouvert aux médecines alternatives, ne consomment pas bio, sont parfaitement incultes de par la télé, et, vous rendez vous compte, paient leur médecin avant même de savoir si le remède proposé fonctionne ?
    Je n’ai pas de voiture, sauf que j’en ai une, et je ne regarde pas la télé, jamais, sauf, en fait quand ça m’arrange
    . ». L’auteur nous livre un magnifique hors sujet. Il ne fait pas une overdose d’Internet et préfère au contraire se lancer dans un long faux dialogue (en fait une diatribe acide envers ceux qui ne font pas partie selon lui du « monde moderne ». Alors pourquoi diable arrêter ?

    Pourquoi débrancher ? Le message parfaitement contradictoire de l’auteur est rendu encore plus difficile à assimiler par la personnalité parfaitement insupportable du narrateur, du moins, tel qu’elle transparait dans ce livre. Dommage.

    1. Merci pour votre commentaire en grande partie repris du texte original de l’ouvrage. Votre dernier paragraphe reflète-t-il votre opinion personnelle sur le livre ? L’avez-vous lu ?

    1. Je tiens à vous préciser que je ne suis pas Thierry Crouzet, mais un de ses lecteurs. Pour vous adresser à lui, je vous invite à vous rendre sur http://blog.tcrouzet.com/.

      Cependant, le guide que vous évoquez ici a été écrit par l’auteur 11 ans avant de sortir « J’ai débranché », à une époque où les médias sociaux (principal sujet du livre) tels que nous les connaissons aujourd’hui, n’existaient pas. Où se trouve la contradiction selon vous ?

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