Relation Client et innovations digitales

Relation Client et innovations digitalesMardi 19 novembre, Kea&Partners et Nurun ont réuni un plateau d’intervenants de trois industries bien différentes pour parler de l’innovation digitale au service de la relation client : une banque (Société Générale), un opérateur de jeu (PMU), un opérateur télécom (Bouygues Télécom). Trois entreprises de secteurs règlementés et qui pourtant transforment leur relation client en s’appuyant sur le digital.

J’ai malheureusement raté l’introduction de la conférence sur le thème « Internet partout », le RER A ayant pris un temps infini à démarrer…

Tendance 60/24/7

Le digital conduit à une évolution du rapport au temps qui pose la question de l’organisation et des compétences des entreprises. S’ensuivent des enjeux sociaux la nuit, le week-end pour répondre aux clients de plus en plus habitués à adresser leurs questions et réclamations à l’entreprise au travers des médias sociaux à tout moment. Or ce support client 24h/24 entre en conflit avec des centres de services clients jusqu’ici vus comme des centres de coûts. Leur transformation en centre de profit n’est cependant pas si simple.

Par ailleurs, les centres de services clients ont jusqu’ici été conçus de manière industrielle avec des processus établis. Ce qui, selon les intervenants, est le contraire sur les médias sociaux. De mon point de vue ce n’est pourtant pas le cas. Agir sur les médias sociaux suppose une organisation industrielle, des personnels formés et bien outillés. Au-delà de la formation des personnels, la confiance dans leurs capacités à répondre aux clients et la récompense de leur engagement parfois au-delà de leur contrat de travail, est nécessaire. La délégation du service client aux clients est également une nécessité. L’entreprise devenant ainsi l’animatrice d’une communauté de consommateurs / utilisateurs / contributeurs / innovateurs de la marque. Ce qui suppose d’adopter une autre approche de la relation client, en ne cherchant pas à reproduire sur les médias sociaux un modèle industriel qui fonctionne bien avec le téléphone (sur horaires définies, dans le respect de la confidentialité de la conversation téléphonique), mais en tirant partie des médias sociaux (disponibilité permanente de l’expertise, contribution des socionautes).

Parmi les quelques chiffres présentés en séance, j’ai noté en particulier celui d’une étude américaine (la source n’a pas été citée) selon laquelle 72% des consommateurs qui twittent une plainte attendent une réponse dans l’heure. Reflet d’un nouveau rapport au temps à l’ère de l’instantanéité. Autre chiffre notable, la présence de 2 500 drives en France, tendance de fond d’une consommation préparée en ligne (chez soi, au bureau, dans les transports) et pour laquelle on ne veut plus attendre.

Pour répondre à ses clients au travers des médias sociaux, la Société Général a créé le compte Twitter @SG_etvous  (17 000 abonnés au moment de la rédaction du présent article). Curieusement, alors que l’on venait de nous expliquer un nouveau rapport au temps du consommateur, on apprend que la Société Générale s’engage à répondre aux questions posées à @SG_etvous du lundi au vendredi de 9h à 19h. On est bien loin du 24h24, 7j/7. On peut se demander du coût si cette insatisfaction du besoin de permanence du consommateur n’entraine pas de frustration. Que se passe-t-il lorsqu’un client pose sa question en dehors des heures d’engagement de service ? Et plus généralement, combien de questions ont été posées depuis l’ouverture de ce compte ? Combien de clients ? Quelle satisfaction ? Quel impact en interne ? Quel lien avec l’agent qui suit le client ? Autant de questions qui mériteraient une conférence en soi.

http://www.youtube.com/watch?v=yrydKRS9UWo

Héritant de décennies d’un dialogue avec le client entièrement maîtrisé par l’entreprise, on peut légitimement craindre que le dialogue avec un client mécontent, visible sur les médias sociaux, présente un risque fort. Jean-Paul Chapon (@jpchapon) de la Société Générale, souligne au contraire que les médias sociaux présentent de formidables opportunités de dialogue avec le client mécontent. Pour cela, il recommande de s’appuyer sur un community manager solide, professionnel de haut niveau, par opposition au stagiaire qui assurait cette mission aux balbutiements de la relation client au travers des médias sociaux.

Comme lors de tout changement, la permanence et la transparence du dialogue s’accompagne légitiment de résistances internes à l’entreprise. Jean-Paul Chapon peut compter sur un nombre important d’enthousiastes dans l’entreprise, même s’il y a eu beaucoup de sceptiques. Pour lui, la clé est la pédagogie : expliquer, toujours expliquer, à la fois les opportunités à être présent sur les réseaux sociaux, et les risques à être absent.

Du côté de Bouygues Télécom, Pierre Schaller (@PSchalle57) a mis en perspective les conséquences financières de ce changement profond de la relation client impulsée par les médias sociaux. Alors que des dizaines de millions d’euros d’investissement sont alloués par l’opérateur télécom pour la surveillance de son réseau télécom, Bouygues Télécom détecte de plus en plus souvent une panne plus vite sur Twitter que via les services de supervision des réseaux. Une véritable opportunité pour détecter les anomalies et améliorer le niveau de service. Et une conséquence sur la réallocation des budgets. Car finalement, l’utilisateur final subit directement la dégradation du service. En signalant publiquement le dysfonctionnement au travers des médias sociaux, il fournit à l’opérateur télécom le déclencheur d’une action correctrice à mener, même si le dysfonctionnement touche un très petit nombre de clients.

Pour le PMU, Cyrille Giraudat mentionne l’enjeu majeur que représentent les réseaux sociaux. En effet, bien que le communautaire soit l’essence même du pari hippique, le PMU cherche encore le bon ton à adopter sur les réseaux sociaux après de premières tentatives reprenant les angles de communication traditionnels. Cependant, les initiatives déployées ont déjà montré que « le client servi au travers des médias sociaux, est le meilleur moyen de fidélisation ».

Le pouvoir au peuple (Power to the people, John Lennon)

Les médias sociaux ont redonné le pouvoir au peuple (curieux, alors que c’est le fondement même de la démocratie) et pour l’illustrer, les intervenants ont indiqué que 100 millions d’évaluations d’hôtels sur disponibles sur Trip Advisor, et 300 000 chambres sont offertes sur Airbnb, à comparer aux 450 000 chambres de l’ensemble du groupe Accor. TripAdvisor comme Airbnb ont aujourd’hui atteint de tels niveaux grâce à l’adoption massive des médias sociaux. Pour l’industrie hôtelière, ils entrainent une transformation majeure qui sera d’ailleurs le sujet de la prochaine conférence Innovation au Napoléon.

Face à cette prise du pouvoir par le peuple, Kea&Partners et Nurun recommandent à l’entreprise de lancer dès maintenant des chantiers profonds :

  • Reprendre la main sur la relation client… Et construire pour cela le ROI des projets sous-jacents
  • Organiser la co-création en innovant avec les clients
  • Anticiper la rupture des business models, en étant paranoïaque, et en détectant et analysant les signaux faibles
  • Travailler la marque

Au PMU, le pouvoir donné au peuple s’accompagne aussi d’une aide au buraliste, qui n’a désormais plus le temps d’animer la communauté des parieurs qui passent par son point de vente. Les comportements sociaux ont profondément évolué en 50 ans, entrainant la disparition de nombreux cafés (300 000 cafés il y a 40 ou 50 ans, contre 50 000 aujourd’hui). Plus récemment, l’usage massif des smartphones fait que 40% des paris sont d’ores et déjà passés en utilisant ces supports. Deux changements profonds auquel le numérique répond pour maintenir l’activité de l’opérateur de jeu.

Pour s’adapter aux changements de comportements sociaux et à l’usage massif des smartphones, Bouygues Télécom a créé B&You, conçu historiquement comme un opérateur communautaire : la relation client est déléguée au client, l’innovation est collaborative. Pour l’opérateur télécom, la mutation est profonde, d’une approche traditionnelle (conception d’un modèle, quali+quanti client, offre commerciale) en une approche plus innovante (idées des consommateurs, tests sur un produit brouillon, offre commerciale). Ce type d’approche en rupture est l’apanage des pure players de l’Internet, tel que Google qui invite aux habitants d’un quartier à mobiliser leurs voisins pour amener la fibre dans leur quartier. En d’autres termes, l’étude de marché est déléguée au client et le besoin local est ainsi mieux cerné. Pour un clic & mortar ce type d’approche n’est pas sans conséquence organisationnelle. C’est ainsi que B&You est à part des équipes traditionnelles, presque comme un laboratoire, pour donner l’exemple aux équipes marketing historiques. Probablement une transition vers une organisation dans laquelle le digital aura imprégné en profondeur l’entreprise.

En conclusion, Jean-Pascal Mathieu de Nurun (@jpvincennes) observait :

  • Une nouvelle anthropologie du consommateur
  • La nécessité de capter tôt les innovations technologiques
  • La transformation numérique du comportement du consommateur

De son côté, Arnaud Gangloff de Kea&Partners (@arnaudgangloff) relevait l’inévitable transformation numérique de l’entreprise.

Les questions de l’assistance

Que fait-on des clients vieillissants ? Le PMU constate que les tranches d’âges élevées (et à forte valeur pour le PMU) sont bien équipées en smartphones et sont utilisateurs des outils dès l’instant qu’il y a une valeur ajoutée. Au sein de la Société Générale, le maître mot est la pédagogie, avec le lancement de programmes de sensibilisation au digital au niveau du comex, de programmes de formation au niveau de l’ensemble des collaborateurs, d’un programme Café 2.0 pour les clients. Pour Bouygues Télécom dont le métier premier est de faire du lien entre les gens, contrairement aux idées reçues, les seniors sont preneurs d’être partie prenante du digital et donc d’un accompagnement adapté. Pour Kea&Partners, les jeunes sont preneurs de simplicité.

N’est-il pas paradoxal de parler de Power to the People alors que les marques disposent aujourd’hui de quantités gigantesques de données sur les consommateurs ? Pierre Schaller donne l’exemple de Google Now, qui observe l’utilisateur et devine où se trouve le domicile, le bureau, etc. Les réactions sont clivantes, les jeunes étant prêts à accepter la transparence nécessaire s’il y a une vraie valeur ajoutée. Exemple également de Mynt qui permet à l’utilisateur de confier ses login et mot de passe d’accès aux comptes en ligne. Une entreprise prendrait vraiment un risque si elle décidait d’exploiter des données à l’insu du client.

Aux Etats-Unis, Zappos dit ne pas investir dans le marketing mais dans la relation client. Puisqu’il faut humaniser, la relation ne va-t-elle pas devenir un centre de profit ? Réponse de Kea&Partners suite à une enquête en cours : non. Dans le même ordre d’idée, Pierre Schaller explique que les coûts d’un centre d’appel sont connus, ce qui n’est pas le cas des revenus.

Un Chief Digital Officer est-il nécessaire pour faire les arbitrages ? Pas au PMU. Bouygues Télécom est passé par différents stades : il y a 3 ans, décision de casser l’équipe Web pour insuffler le digital dans toutes les fonctions de l’entreprise, sous l’animation d’un Chief Digital Officer qui a une responsabilité fonctionnelle sur les collaborateurs mais pas hiérarchique. Les collaborateurs qui fabriquent et animent les services numériques de l’opérateur sont localisés sur un plateau, la Digital Factory. La Société Générale quant à elle n’a pas de direction digitale, mais un programme en cours de transformation numérique en profondeur.

Conclusion sur le fond

Cette conférence a eu le mérite de prendre du recul sur les grandes transformations de la relation client apportées par le digital. Les trois entreprises présentes, chacune dans son industrie, s’adapte de son mieux pour suivre le mouvement, coller aux nouveaux comportements des consommateurs. Sur le plan organisationnel, chaque entreprise s’adapte également, en fonction de sa culture, de son histoire, de la tension de son marché. Le digital apporte ainsi des changements profonds dans les organisations, du management aux opérationnels, et sur toutes les fonctions. A chaque entreprise de faire ses choix et à s’adapter.

Conclusion sur la forme

J’ai été surpris compte-tenu du thème de la conférence, que la salle ne soit pas équipée d’un Wifi, qu’aucun hashtag ne soit proposé, qu’aucun live tweet ne soit assuré (presque aucun, @keapartners ayant publié quelques tweets), et qu’aucun Twitter back ne soit déployé. Quelle frustration de ne pas pouvoir engager la conversation ! Aurais-je pris de mauvaises habitudes ?

[Truc digital du jour] Le digital fait son entrée au conseil d’administration

Administrateur digitalLe digital change profondément les entreprises. Il présente de nouvelles opportunités de développement (ex : Internet des objets) et s’accompagne de nouveaux risques (ex : cybercriminalité). La présence de compétences digitales au plus haut niveau de l’entreprise est devenue une nécessité. Mais comment évaluer la pertinence des orientations stratégiques et opérationnelles si les organes de gouvernance en place ne détiennent pas les compétences nécessaires ?

Raison pour laquelle les conseils d’administration des entreprises recrutent des experts du digital. Leaders reconnus dans leur domaine, fins connaisseurs des nouveaux modèles économiques rendus possibles grâce aux technologies, ils ont à imposer leur voix dans l’évaluation des orientations de l’entreprise.

Dans son Trend Talk | Digital Expertise in the Boardroom, CTPartners donne l’exemple de Monte Ford, ancien DSI d’American Airlines et directeur d’Akamai, entré au comité de direction d’hôpitaux. Il ne s’agit que d’un seul exemple, pris aux Etats-Unis, plus en avance que la France sur la transformation digitale des entreprises. Je n’ai pas connaissance d’un conseil d’administration d’une entreprise française ayant recruté un administrateur spécialisé sur le digital. Comment font donc les conseils d’administration pour rassurer les actionnaires sur la stratégie digitale des entreprises qu’ils contrôlent ?

[Truc digital du jour] EMicrocrédit finance un prix du public avec Kisskissbankbank (crowdfunding)

EMicrocréditComme le dit un de mes amis, « un beau projet sans argent restera un beau projet ». Financer une belle idée est absolument indispensable pour qu’elle devienne réalité. L’association étudiante EMicrocrédit de l’EM Lyon a pour objectif de développer l’économie solidaire. Pour attirer l’attention sur ce sujet, elle a monté le Social Business Challenge en partenariat avec diverses entreprises, pour permettre à des entrepreneurs de présenter leurs projets en vue de collecter des fonds. Lors de cet événement, elle a eu l’excellente idée de proposer un prix du public. Un prix auquel vous, moi, bref, tout le monde, peut contribuer en votant. Un prix financé par le public au moyen de modestes contributions récoltées via Kisskissbankbank qui prélève au passage une petite commission pour supporter ses coûts de fonctionnement.

J’aime beaucoup ce principe de financement collectif, comme le faisaient autrefois les mutuelles et les coopératives agricoles. Les médias sociaux sont ici largement mis à contribution pour faire connaître le projet et stimuler les dons. Un beau moyen de mettre l’éclairage sur l’économie solidaire tout en innovant dans le financement d’un prix au travers du crowdfunding.

Vous êtes séduit par l’idée ? Rendez-vous sur Kisskissbankbank et contribuez aussi au prix du public !

[Truc du jour] Starbucks Tweet a coffee

Je lance avec ce post une série d’articles à chaud sur l’actualité digitale. Des articles courts en réaction à ma revue de presse matinale. Des réactions sur le vif comme celles que l’on a en lisant son journal, nourrissant des échanges avec nos proches, nos collègues, nos partenaires de voyage. Cahier des charges : 250 mots maximum, 30 minutes de rédaction, publication et promotion. Au plaisir de lire vos commentaires sur ce nouveau format d’articles.

StarbucksStarbucks vient de lancer aux Etats-Unis un nouveau programme particulièrement astucieux et simple. Avec « Tweet a coffee », les américains vont pouvoir offrir des cafés à leurs amis via Twitter. D’une simplicité enfantine, il suffit d’envoyer un tweet à @tweetacoffee en mentionnant le nom du compte Twitter du bénéficiaire. Vous voulez m’offrir un café chez Starbucks ? Twittez : @tweetacoffee at @michaeltartar.

http://youtu.be/AxPZj9x_Dsk

Les grincheux argumenteront qu’une faute de frappe dans le compte Twitter du bénéficiaire enverra le cadeau à un tiers qui n’a rien demandé. Nous verrons bien si l’erreur est si fréquente. Le concepteur de l’opération a très probablement aussi prévu les cas de fraude qui pourraient arriver.

Une belle idée en tout cas, pour développer la notoriété de la marque Starbucks, toujours avide d’innovations technologiques favorisant l’engagement avec le consommateur. Une belle démonstration de monétisation des médias sociaux, sources de revenus, et pas uniquement outils de communication. Je m’interroge cependant sur le revenu engendré par Twitter au travers de ce type d’opération.

Je me demande si les acteurs traditionnels du couponing et d’offres de fidélisation se positionneront sur ce type d’offres en permettant d’offrir tous types de petits présents (bonbons, gâteaux, journaux, etc). Les banques pourraient aussi proposer des offres similaires. A discuter autour d’un café !

Lire en anglais l’article publié par le Huffington Post sur le sujet : Starbucks Just Figured Out How To Take Your Money Over Twitter.

La communication digitale expliquée à mon boss

C’est le grand jour ! Le nouvel ouvrage « La communication digitale expliquée à mon boss » sort aujourd’hui, le 16 octobre 2013. Ouvrage auquel j’ai eu l’honneur et le plaisir de contribuer. Je traite du ROI des projets digitaux, sujet que j’aurai l’occasion de présenter lors de la prochaine conférence Media Aces du 14 novembre. Et ce n’est pas tout, les auteurs vous offrent aussi la collection de planches PowerPoint pour vous aider à le (ou la) convaincre. 9 mois de travail ont été nécessaires à la création de cette somme à laquelle les membres et les amis de l’association Media Aces ont participé afin de donner corps à des anecdotes et des exemples qui permettront aux fidèles lecteurs de mettre en place ces stratégies sur le terrain. Qui plus est, cette fois-ci les auteurs ont réussi à attirer un hôte de marque pour rédiger la préface, en la personne de Pierre Gattaz, patron des patrons … qui mieux que lui, un véritable convaincu qui plus est, pour expliquer l’importance du digital aux entrepreneurs et patrons d’entreprises. Nous sommes fiers de ce partenariat, ainsi que celui que nous avons avec Frenchweb.fr, et Scoop.it qui nous aident à diffuser la bonne parole. Voici la présentation du livre, de ses planches PowerPoint et le lien vers la plateforme d’achat de l’éditeur Kawa.

LA COMMUNICATION DIGITALE EXPLIQUEE A MON BOSS (2013)

La communication digitale expliquee a mon bossEn 2013, le « digital » s’est déjà répandu dans des entreprises du monde entier ; pourtant, la maîtrise de son langage et de son alchimie, mélange de savoir-faire stratégique, de communication, de création (et de co-création) de contenus, de marketing du bouche-à-oreille, de maîtrise d’ouvrage, de conduite du changement et de vision technologique, reste un mystère pour beaucoup. Ce livre a pour objectif d’aider les décideurs à remporter le défi de ce Web en constante évolution, sans cesse plus global (ou « glocal »), plus social, plus mobile et de plus en plus lié au cœur de métier de l’entreprise. Cet ouvrage prolonge, en outre, « Les médias sociaux expliqués à mon boss », en élargissant la thématique, et en donnant une large place aux médias sociaux en tant qu’un des éléments fondamentaux d’un mix marketing digital :

1/ Importance du digital, historique, caractéristiques et évolution :

le digital est plus qu’une mode, c’est une véritable tendance de fond qui bouleverse nos économies, refonde nos entreprises, redéfinit les règles du jeu de la communication.

2/ Le contenu au coeur de votre stratégie de communication digitale :

« le contenu est roi » est un euphémisme. Toute stratégie de communication digitale se base sur cette matière première et vise à l’utiliser de façon originale.

3/ Développer sa communication digitale :

créer du contenu est fondamental, mais ne suffit pas. Ce chapitre vous montrera comment développer votre communication digitale efficacement.

4/ Structurer sa communication digitale :

créer un site Web ou un blog est facile, conduire le changement dans une entreprise, mener sa gouvernance, faire évoluer les compétences est plus délicat.

5/ Pour ceux qui auraient raté la révolution digitale :

si vous vous demandez encore si le digital peut faire quelque chose pour vous et votre entreprise, surtout si vous êtes une PME, alors ce chapitre est fait pour vous. Sinon, vous y trouverez des arguments solides pour convaincre vos collègues.

Un guide pratique de la mise en œuvre de la stratégie digitale en entreprise par MEDIA ACES !

Avec 28 schémas téléchargeables gratuitement pour expliquer la communication digitale à mon boss

Pierre-Philippe Cormeraie, Directeur de l’Innovation BPCE, Blogueur depuis 2006, @PPC sur Twitter

« Si vous avez acheté ce livre, vous devriez vous le faire rembourser ! » « Non par les auteurs ou l’éditeur de cet ouvrage, mais par votre entreprise. Pourquoi ? Parce que vous avez entre les mains l’ouvrage qui va vous permettre, de manière très concrète, de contribuer significativement à la réussite de votre entreprise en matière de communication digitale ».

Dominique Delport, Global Managing Director de Havas Média Group et Président Havas Média France

« Merci aux auteurs de ce livre de faciliter avec pugnacité ce difficile et indispensable transfert de connaissance. Vous l’avez compris, le digital, c’est l’air que l’on respire, omniprésent et indispensable. Je ne doute pas que cet ouvrage vous ait apporté une vraie bouffée d’oxygène et d’optimisme. C’est pour ma part ce que j’essaie de transmettre dans toutes les organisations que j’ai dirigées, comme Yann Gourvennec et Hervé Kabla dans leurs travaux ».

Avec des contributions de : (Par ordre alphabétique)

Hervé Bloch, Arnaud Bouchard, Frédéric Canevet, Olivier Cimelière, Jérôme Deiss, Denis Fages, Alban Fournier, Bruno Fridlansky, Jacques Froissant, Jean-Marc Goachet, Sarah Goodall, Catherine Headley, Natacha Heurtault, Cynthia Kari, Mohamed Khodja, Franck La Pinta, Stéphane Lapeyrade, François Laurent, Daniel Laury, David Parkinson, François Pitavy, Serge-Henri Saint-Michel, Thierry Spencer, Michael Tartar, Marina Tymen, Pierre Vallet

Les illustrations, et notamment notre superbe “boss”, sont de Mathias Bergeaud

Préface de Pierre Gattaz, président du MEDEF

voir ci-dessous les schémas du livre, en téléchargement gratuit et libre (creative commons)

Qui sont « véritablement » vos amis Facebook ?

Wolfram Alpha Personal Analytics for FacebookQuels sont vos amis Facebook qui vous prêtent le plus d’attention ? Quels sont ceux qui commentent ou aiment le plus vos publications ? Quelle est la proportion d’hommes et de femmes ? Grâce à Wolfram Alpha, vous pouvez facilement répondre à ces questions en analysant l’activité de vos amis sur vos publications Facebook. Une analyse qui pourra s’avérer utile pour trier vos amis Facebook et exposer vos publications à ceux qui interagissent vraiment avec vous.

J’ai fait l’expérience sur mon compte personnel. Le rapport généré par Wolfram Alpha fournit plusieurs statistiques sur mon activité sur Facebook, mais c’est surtout l’analyse de l’activité de mes amis Facebook en réaction à mes publications qui m’intéresse ici. Parmi mes 234 amis Facebook au moment de la génération du rapport, Wolfram Alpha a pu étudier l’activité sur mes publications de 216 personnes (18 personnes « opaques » ayant probablement verrouillé leur compte Facebook, de sorte à ce qu’une application ne puisse pas accéder à leurs données). 58% sont des hommes (et donc seulement 42% de femmes…). Parmi ces 216 personnes, 75 ont commenté mes publications. Donc 141 personnes n’ont jamais commenté mes publications. N’oublions pas que Facebook, avec son Edge Rank, expose les publications à une partie seulement des amis d’un utilisateur. Il faut donc être indulgent avec ces 141 personnes qui ont pu ne jamais être exposées à mes publications (j’exclus l’hypothèse qu’elles n’aient jamais été intéressées par ce que je publie dans Facebook). Notons également que 92 personnes (parmi les 216) ont aimé mes publications, soit 17 de plus que de commentateurs. Je fais l’hypothèse que (rappelez-vous de vos cours de mathématiques au collège), l’ensemble des personnes qui aiment inclut l’ensemble des personnes qui commentent. Cette hypothèse est inexacte, mais permet de simplifier le raisonnement. J’ai donc 124 (216-92) amis Facebook qui ne réagissent jamais à mes publications !

La question est maintenant de savoir ce que je fais des 124 personnes (voire 142 si on compte les opaques) qui ne réagissent jamais à mes publications (commentaires et clics sur « j’aime ») que l’on peut considérer comme des voyeurs. En effet, ils ont accès à ce que je publie, mais ne s’expriment jamais sur ce qu’ils en pensent. J’ai déjà commencé à isoler la plupart d’entre eux dans des listes. Ce faisant, ils ne peuvent plus voir certaines publications. C’est déjà un premier pas. Je ne pense pas utile de couper le lien avec eux, puisque je peux aussi les placer dans les profils restreints. Mais la question se pose : quel intérêt de rester en contact sur Facebook avec des personnes avec lesquelles il n’y a aucun dialogue ?

Le classement des commentateurs est également intéressant, permettant de voir ceux qui ont le plus commenté mes publications. Il serait cependant encore plus intéressant de connaître le classement de ceux qui ont commenté le plus grand nombre de mes posts, plutôt que ceux qui ont fait le plus de commentaires. Wolfram Alpha dénombre en effet les commentaires, et non les posts ayant fait l’objet de commentaires. Du coup, un ami qui aurait fortement réagi à une publication remonte dans le classement, alors qu’il me semble plus valorisant de considérer un ami qui aurait commenté un grand nombre de mes publications.

Le classement des personnes qui « aiment » mes publications fait apparaître des personnes qui ont manifestement une attitude visant à attirer mon attention, mais ne veulent pas engager publiquement le dialogue. Une information bien utile pour isoler ceux qui se manifestent temporairement et uniquement dans leur propre intérêt, non pour tisser une relation sur le long terme.

Wolfram Alpha présente quelques limites dans sa version gratuite (je n’ai pas testé la version pro). En particulier pour nous français, le nuage de mots n’a absolument aucun intérêt, dans la mesure où l’outil considère tous les pronoms de notre langue comme des mots. Ce qui donne ceci :

Wolfram Alpha Nuage de mots

Par ailleurs, alors que Wolfram Alpha dispose des données, le rapport ne permet pas de connaître les jours et heures où mes amis réagissent le plus à mes publications. Cela me permettrait pourtant d’augmenter l’engagement en publiant au bon moment.

Malgré ces quelques limites (et il y en a d’autres), l’exercice mérite d’être réalisé, ne serait-ce que pour remercier ceux qui interagissent le plus avec vous au travers de Facebook, et identifier ceux qui ne sont que des observateurs de votre activité. Si vous analysez l’activité de vos amis Facebook, revenez ici partager ce qui vous aura surpris !

Les données au cœur des questions de gouvernance et de liberté

dataprotectionQue valent nos données publiées sur Internet ? Quels produits et services numériques offriront des emplois demain en France et en Europe ? Quelles politiques mener pour en favoriser le développement chez nous ? Derrière toutes ces questions se cachent la problématique complexe et fondamentale de gouvernance et de liberté sur Internet. Une problématique qui ne fait pas la une des journaux, n’attire pas les people, ne fait pas le buzz et qui pourtant décide du futur de l’Internet.

Le groupe DSI-Web de Telecom ParisTech avec CREIS-Terminal proposaient mardi 4 juin 2013 une matinée d’échange sur ce thème ardu. Un débat animé par David Fayon (@fayon) réunissant quatre intervenants de haut niveau. L’occasion de mieux comprendre les jeux de pouvoirs qui régissent actuellement l’Internet, sur le plan économique et politique. L’occasion aussi de jeter les bases d’un nouvel équilibre au niveau mondial en indiquant à l’Europe et en particulier à la France, des pistes de développement de produits et services numériques au service de l’emploi et d’un mieux-vivre ensemble.

Introduction

Pour camper le décor, David Fayon, auteur de « Géopolitique d’Internet »,  a notamment indiqué que la France est dans le Top 20 des pays qui censurent le plus Internet.  Il a par ailleurs mis en perspective le jeu de pouvoir des acteurs en présence :

  • Les entreprises : elles donnent de la valeur aux données, certains acteurs (les « GAFA » : Google, Apple, Facebook, Amazon) présentant des croissances à deux chiffres, en générant suffisamment de cash pour financer leur croissance externe
  • Les internautes : à la fois consommacteurs et consommauteurs, ils fournissent gratuitement leurs données en échange de services
  • Les associations et organismes : ils assurent plus ou moins dans l’ombre la régulation et la standardisation nécessaires au développement des services en ligne

Quelle valeur pour nos données publiées ?

Kavé Salamatian (@kavesalamatian), de l’université de Savoie pose la question de la valeur de données : vers où la main invisible du marché pousse-t-elle nos données, ou pourquoi nous ne savons pas évaluer la valeur de nos informations ? Pour y répondre, il a commencé par revenir aux fondamentaux de l’économie, science de l’étude du partage des ressources rares ayant des usages alternatifs (selon Lionel Robbins), à savoir ressources que des utilisateurs alternatifs peuvent transformer. Dans cette définition le prix est la variable d’équilibre du système. L’intérêt pour un utilisateur d’acheter un produit, est fonction de l’utilité du produit. L’ensemble étant à l’équilibre Pareto optimal comme démontré par le théorème d’Arrow-Debreu. Voilà pour la théorie classique.

Mais l’Internet est un environnement avec peu de régulation et à forte concurrence. L’économie des données sur Internet est-elle un cas particulier de la théorie économique classique ? En d’autres termes, les données qui y circulent sont-elles des produits comme les autres ? C’est ainsi que par exemple, le rapport Collin et Colin essaie de faire coller l’Internet dans le cadre économique connu (notamment la fiscalité). Dit différemment, l’économie des données colle-t-elle à la définition classique de l’économie ?

  • Premier problème : l’information ne suit pas la loi de conservation de la thermodynamique. Un effort est nécessaire pour la fabriquer. En revanche un effort de coût marginal est nécessaire pour la reproduire.
  • Deuxième problème : dans la théorie classique, on fait l’hypothèse que la valeur ajoutée d’un produit est déterministe. Par exemple : la valeur ajoutée maximale produite à partir d’un kilo de minerai de fer, est connue. A contrario il est impossible d’évaluer a priori la valeur ajoutée maximale produite à partir d’une information. Par exemple, quelle valeur peut-on imaginer produire à partir d’une information de 128 bits ? On peut considérer qu’elle est négligeable, mais si ces 128 bits sont une clé d’encryptage d’un coffre-fort, leur valeur est conséquente. Corolaire : on ne peut pas évaluer la valeur d’une entreprise .com. Question complémentaire : quelle est la valeur d’une donnée privée ?

Ces deux problèmes invitent à proposer une nouvelle théorie de la micro-économie selon trois visions possibles :

  • Vision du trader : la valeur de l’information est celle de l’argent que peut gagner quelqu’un qui la connait. Problème de cette définition : on ne connait la valeur de l’information qu’a posteriori.
  • Vision de la thermodynamique : la valeur de l’information est celle du prix de l’énergie nécessaire pour la produire. Même problème que pour la vision du trader.
  • Vision du marché : la valeur de l’information n’existe pas, seul l’échange sur un marché d’information a de la valeur. Dans cette approche, par exemple Facebook est un marché dans lequel les individus et les sociétés échangent des informations.

Sans surprise, la vision du marché apparaît donc comme la plus adaptée à servir de base à une nouvelle théorie de la micro-économie. Sur cette base, parler de gouvernance des données, c’est parler de la gouvernance de ce marché de l’échange de l’information. Marché apparu avec l’émergence des réseaux. Ce qui amène à se demander : qu’est-ce qu’un réseau ?

  • Un réseau de transport, permet de transporter des produits, et aussi de transporter des informations,
  • Un réseau informatique permet de transporter de l’information, en revanche il ne transporte pas de produit.

Un réseau consiste ainsi en un ensemble d’éléments distribués qui coopèrent pour échanger de l’information. Ce qui amène à se pencher sur la notion de coopération :

  • Coopération totale non égoïste, dans le but d’optimiser un objectif global,
  • Coopération non coopérative, dans le but d’une optimisation d’un objectif personnel,
  • Coopération malicieuse, dans le but de désinformer certains acteurs au profit d’un seul.

Dans ce marché d’échange d’informations, la gestion de la vie privée s’appuyant sur des règles strictes de gestion des données privées, revient à réduire le potentiel économique du marché. C’est donc avec prudence qu’il convient de légiférer dans le souci de la protection des intérêts des citoyens.

La réflexion de Kavé Salamatian sur la valeur de nos données publiées sur Internet l’amène ainsi à constater l’émergence d’une nouvelle science issue des problématiques spécifiques posées par Internet, nouvelle science fortement multi-disciplinaire permettant d’apprécier notamment les dimensions économiques, juridiques et politiques du numérique. Nouvelle science dont la multi-disciplinarité se heurte aux barrières institutionnelles entre disciplines. Une autre manière de prendre conscience du décloisonnement que suppose le numérique.

Quelle économie de l’Internet en Europe ?

Bernard Benhamou (@BernardBenhamou), délégué aux usages Internet a ensuite exposé les atouts dont l’Europe dispose pour reprendre les positions qu’elle mérite sur l’Internet. Positions à conquérir en tenant compte des perspectives de développement de l’Internet mobile et de l’Internet des objets.

Quelques chiffres pour aider le lecteur à prendre conscience de l’Internet mobile :

  • 50% des Français utilisent un mobile
  • 15% de l’Internet transite sur mobile
  • 2,3 milliards de mobinautes dans le monde

Jusqu’ici les informations qui transitaient sur les réseaux étaient produites par des humains. Désormais ce sont de plus en plus des machines qui produisent les informations à partir de capteurs de toutes sortes. Par exemple : la Ford Fusion génère avec ses 800 capteurs 20 Giga de données par heure de conduite. Autant de données susceptibles de circuler sur le réseau et d’être exploitées par des services à valeur ajoutée.

La plupart des secteurs industriels sont impactés par la distribution d’informations facilitée par Internet. On peut même dire qu’« il n’y a plus de secteur qui ne soit pas transformé en son cœur avec les technologies de l’Internet » : transport, agriculture, santé, culture, etc. C’est ainsi que la structuration pyramidale du réseau d’énergie est profondément remise en cause. Par exemple, Google est devenu un broker d’énergie aux Etats-Unis en vendant son savoir-faire dans le refroidissement de l’énergie. Autre exemple dans le secteur de la santé avec Scanadu, société de production de produits d’analyse médicale pour le particulier. Diffusés à grande échelle, ce type de produits modifiera en profondeur l’offre de santé.

Cependant, aucun acteur européen de taille mondiale n’existe aujourd’hui dans l’industrie des services de l’Internet. Or, l’économie des objets connectés représente une formidable opportunité pour les Européens. Ils ont les moyens de créer de nouveaux services, en s’appuyant sur un savoir-faire technologique reconnu comme l’ont déjà montré Parrot et WiThings.

Les objets connectés posent cependant un problème : ils projettent le fantasme de Big Brother. Le risque lié à l’exploitation des données privées doit donc s’accompagner à un droit nouveau : le droit au silence des puces, proposé par la France dès 2008.

Qui plus est, la puce RFID est inusable (pas de pièce mobile ni de source d’énergie interne), réagissant à un champ électromagnétique, pouvant perdurer sur 3 à 4 générations d’utilisateurs, même si elle est cachée.

Eric Schmidt, président du board de Google, commence même à changer de discours, prenant conscience qu’il y a des limites dans l’exploitation des données privées. Qui mieux que les Européens, qui ont perçu très tôt la nécessité de légiférer, pour développer les conditions de la confiance dans l’Internet ?

L’enjeu fondamental est donc de développer une gouvernance de l’Internet dans lequel l’utilisateur est souverain. De nouvelles formes de gouvernance à inventer qui doivent être régionales et non nationales.

Pour bien prendre conscience de l’importance de l’enjeu, Bernard Benhamou cite CityBank qui a dimensionné l’économie de l’Internet, à un sixième de l’économie mondiale. L’enjeu de gouvernance s’accompagne donc d’un enjeu économique majeur pour faire en sorte que nos sociétés continuent de fonctionner selon des principes et valeurs qui sont les nôtres.

Ces enjeux soulèvent bien-sûr des enjeux politiques. On note par exemple l’émergence de mouvements qui s’opposent à la numérisation tel que le collectif des 451 qui s’oppose à la numérisation du livre, des agriculteurs qui s’opposent au puçage des bêtes et dont les subventions vont être accordées sous condition de puçage, des étudiants qui refusent le savoir digital, etc. Enjeux politiques à l’étude depuis une éternité à l’échelle de l’Internet, comme le montre le rapport « Des pyramides de pouvoir aux réseaux de savoir » du sénateur René Trégouët publié en 1997 et dont Bernard Benhamou recommande la lecture. Plus récemment, et avec l’augmentation des capacités de collecte et d’analyse des données, les scientifiques du MIT ont aussi mis en garde sur les conséquences du Big Data en matière de vie privée. Mise en garde qui conduit à promouvoir le « privacy by design », mouvement qui prône de concevoir des produits et services dont l’ergonomie permet au citoyen de contrôler les données privées qui y sont stockées. Ce qui nécessite d’agir en amont du déploiement d’une technologie, sous peine d’être dans l’incapacité de la modifier, lorsqu’elle devient une technologie de masse.

Quelle valorisation des données publiques ?

Romain Lacombe (@rlacombe_fr), chargé de l’innovation et du développement, a ensuite présenté la mission Etalab d’ouverture et partage des données publiques. En effet, le secteur public n’est pas épargné par la transformation en profondeur provoquée par l’Internet. Comme le secteur économique, le secteur public est confronté à deux phénomènes majeurs :

  • Un changement technologique majeur avec l’omniprésence d’Internet,
  • De nouvelles attentes des citoyens sensibles à la transparence et à l’accessibilité des services.

Sur le plan politique (au sens ancien de l’organisation de la citée), la transparence totale du citoyen, est la définition même d’un système totalitaire. A l’inverse, la transparence de l’Etat pour le citoyen, est la définition d’un système démocratique. C’est dans cet esprit que l’on observe une explosion de l’usage des mots transparency, accountability, empowerment, reflet d’une préoccupation des citoyens sur ces thématiques.

Le désir de transparence s’exprime aussi vis-à-vis des hommes politiques. C’est ainsi que le véritomètre est né : un service de fact checking permettant de vérifier en temps-réel la vérité des informations des politiques pendant la campagne présidentielle 2012.

Cette transparence peut aussi s’exercer sur la fonction publique, productrice de quantités considérables de données utiles à l’exploitation des services publics. Certaines de ces données publiques commencent à être mises à disposition par l’Etat : accidents de la circulation, usage du réseau de transport, du réseau de l’énergie, conditions sanitaires des restaurants (par exemple à Manhattan), etc.

Ouvrir les données de fonctionnement de l’Etat, c’est permettre l’émergence d’entreprises innovantes telles que homengo. Le site data.gouv.fr recense ainsi tous les jeux de données mis à disposition par les services de l’Etat. Les développeurs de services s’appuyant sur ces données sont réunis au sein de la communauté de l’innovation dataconnexions (marque à laquelle l’Etat pourrait se voir contraindre de renoncer). Enfin au niveau mondial, les initiatives Open Data sont suivies par l’Open Government Partnership.

Donner accès aux données publiques entraine cependant des conséquences juridiques. Ainsi, l’état sanitaire erroné d’un restaurant, rendu publique, peut entrainer sa faillite. Sa défense pouvant nécessiter la mobilisation d’experts, forts coûteux. Cependant le fait qu’elle soit publique permet de corriger l’erreur à la source. La jurisprudence de la transparence des données reste donc à créer, la bonne nouvelle étant que des dispositifs de contrôle des données publiques sont désormais possibles.

Quelle gouvernance du réseau Internet ?

Chantal Lebrument, présidente Eurolinc, directrice Savoir-Faire, éditrice du produit open-root, a enfin pris la parole pour exposer le dessous des cartes de l’Internet en expliquant le fonctionnement de l’Icann.

L’Internet, que chacun considère comme mondial est en réalité un Internet américain. L’agenda de Tunis de l’IGF (Internet Government Forum) propose ainsi que l’Internet prenne en compte le multilinguisme, la régionalisation, et une coopération renforcée entre les états.

Les mécanismes sous-jacents à la gestion du réseau Internet restent obscurs pour la grande majorité des utilisateurs et des entreprises. Ils sont pourtant essentiels à l’économie numérique. Rares sont ceux qui peuvent comprendre que .ku est une racine ouverte opérée par Open-Root et non par l’Icann. La maîtrise fine des jeux de pouvoirs qui gouvernent l’Internet doivent ainsi être mieux compris par nos dirigeants, afin de défendre nos intérêts.

Conclusion

CREIS-Terminal et le groupe DSI-Web de Telecom ParisTech ont proposé là un bel événement qui gagnerait à plus de visibilité. Au-delà des supports de présentation, un podcast des interventions serait le bienvenu. Ce qui semble compromit dans la mesure où, sauf erreur de ma part, aucun dispositif de captation vidéo n’était déployé dans la salle. Par ailleurs, j’ai été surpris de constater que seuls David et moi-même relayions l’événement en direct sur Twitter. Le public de ce type d’événement serait-il rebelle au « live tweet » ? A moins que, inquiet de l’utilisation qui peut être faite de ses données personnelles publiées sur Internet, il s’en tienne au silence numérique ?

Au-delà de ces considérations sur le marketing de l’événement, les sujets abordés méritent attention et réflexion au plus haut niveau des entreprises et administrations. Les enjeux sont considérables et la France ne peut pas se permettre le luxe de ne pas les adresser au niveau qu’ils méritent. Des questions restent ouvertes :

  • Qui est propriétaire de nos données ?
  • La notion de propriété des données a-t-elle encore un sens ?
  • Quels sont les freins culturels des européens (et en particulier des Français) au développement des nouveaux services autour des objets connectés ?
  • Sur le plan économique, les objets connectés et l’open data sont-ils des gisements d’emploi, de réduction des coûts de l’action publique ?

Médias sociaux & B2B, note de lecture

Médias sociaux & B2B | Un mariage d'amour ? Editions KawaLes médias sociaux au service du B2B sont trop rarement l’objet de retours d’expérience, de présentations approfondies. Pourtant ils ont leur place dans toutes les étapes du cycle de vie client, comme en B2C. C’est ce que montrent Hervé Kabla (@hervekabla) et François Laurent (@misdead) dans « Tout savoir sur les médias sociaux et le B2B ».

Cet ouvrage offre au lecteur un large panorama du sujet. Il se veut aussi pragmatique, proposant guides et modes opératoires applicables presque de suite.

Hervé invite ainsi d’emblée le lecteur à l’action, en proposant par exemple de comprendre comment Viadéo est déployé sur le site de Media Aces pour générer des leads.

J’ai apprécié l’équilibre de l’ouvrage, mêlant à la fois retours d’expérience opérationnels, guides d’implémentation des médias sociaux B2B et prise de recul. Les points clés à la fin de chaque chapitre donnent l’essentiel à retenir, très pratique pour y revenir plus tard lorsque des questions se posent sur le terrain, par exemple sur la gestion de la e-réputation, sur la gestion de contenu ou sur la génération de leads. Le retour d’expérience de Ludivine Chaumeille (@chaumeille) sur la reprise de contrôle de la e‑réputation de Securitas Direct, illustre ainsi parfaitement le point de vue général (teinté juridique) de Gérard Haas (@jurilexblog) sur le sujet.

Vous vous demandez si les médias sociaux peuvent vous aider à générer des leads ? Mieux, si les médias sociaux font vendre en B2B ? Lisez la réponse enthousiaste de Sophie Callies (@sophiecallies). Comprenez que rien n’est dû au hasard et qu’une démarche rigoureuse apporte des résultats très intéressants en matière de prospection commerciale.

Vous envisagez de vendre vos produits et services grâce à votre blog ? Frédéric Canevet (@conseilsmkg) vous guide dans vos premiers pas : positionnement de contenu, règles d’or à respecter, promotion. Il n’y a plus qu’à suivre !

Pour compléter l’ouvrage, une étude de cas approfondie aurait été la bienvenue. Cette étude présenterait un diagnostic de la présence d’une marque sur les médias sociaux, la stratégie retenue, les moyens mis en œuvre (humains, techniques, internes et externes) et bien-sûr les résultats obtenus.

Après avoir moi-même passé 14 ans dans l’industrie du service et du conseil aux entreprises, parallèlement à l’émergence des médias sociaux, je confirme leur intérêt pour prospecter et entretenir la relation client, mais aussi pour recruter et fidéliser les collaborateurs. Aussi, je recommande chaudement la lecture de cet ouvrage et la consultation du blog qui lui est dédié à tous ceux qui, dans une entreprise B2B, se demandent comment utiliser les médias sociaux pour générer des leads, fidéliser les clients, développer l’image ou encore recruter des collaborateurs.

Social Media Awards 2013, deuxième édition

Social Media AwardsLes Social Media Awards récompensent les marques qui ont su susciter et entretenir un engagement sur Twitter, Facebook et YouTube. J’avais déjà assisté à la première remise des prix l’an dernier, suggérant quelques ajustements. Cette année, j’ai eu l’honneur d’être invité à rejoindre le jury qui a choisi de distinguer Allociné et Airbus.

L’engagement est mesuré au moyen d’un outil de scoring (le Social Media Index) développé par BE Angels. Cet outil mesure les volumes de réactions des internautes aux publications des marques sur Twitter, Facebook et YouTube. A ce titre, ce modèle se rapproche de celui implémenté par Klout pour évaluer un score d’influence au travers des médias sociaux. Cependant, il ne se contente pas de mesurer un impact dans l’absolu, ce qui avantage les gros acteurs. Il permet aussi de faire émerger les petites structures qui mettent en place des programmes audacieux au travers des médias sociaux, souvent avec des moyens dérisoires. C’est ainsi que des PME telles que le ZooParc de Beauval, Charlott’ ou Allociné, émergent du classement. Une occasion de découvrir des initiatives rarement relayées dans les médias, comme le déplorait Fadhila Brahimi (@fbrahimi) dans son introduction. Initiatives qui sont pourtant d’excellents moyens de développer la notoriété de ces Young Performers, comme le soulignait Hervé Kabla (@hervekabla).

Au-delà de l’engagement, la question du ROI (« Return on Investment » ou Retour sur Investissement) des activités menées sur les médias sociaux, est évidemment posée. Sans qu’une réponse chiffrée ne soit apportée en séance (j’y reviendrai), la porte-parole du ZooParc de Beauval met notamment en avant un retour en terme d’image, la publication d’une photo de panda sur Facebook générant 3 500 likes. Difficile en revanche de faire un lien direct avec les visites dans le parc. De son côté Allociné utilise la recommandation sociale, et considère Facebook comme apporteur d’audience et comme levier de connaissance utilisateur. Le lien entre image, audience, connaissance client et chiffre d’affaires, reste à quantifier et mériterait une analyse approfondie, pourquoi pas en rebond de la remise des prix ?

Jean-Marc Lehu (@jmlehu), directeur marketing communication de la Sorbonne, a dressé un parallèle entre l’émergence des médias sociaux de nos jours et l’émergence du Web il y a 15 à 20 ans: les Major Achievers de l’époque du Web (ex : IBM, Microsoft) se faisaient distancer par les Young Performers (ex : Yahoo, Google). D’où l’intérêt aujourd’hui de regarder ce que font les Young Performers sur les médias sociaux, amenés à chahuter les Majors Achievers, et de voir comment ces colosses aux pieds d’argile peuvent s’adapter, comme l’a fait par exemple le groupe Univeler, sous l’impulsion de Paul Polman en décidant de supprimer le reporting, de viser le court et moyen termes, de prendre des risques. Toutes les marques du groupe sont ainsi présentes sur les grands médias sociaux avec l’objectif de recréer de l’histoire. Une histoire recréée par le partage avec le consommateur. Une histoire qui reste à inventer.

L’utilisation des médias sociaux par une marque aujourd’hui révèle ainsi sa capacité à s’adapter au monde numérique dans lequel nous vivons. Parmi les Major Achievers, on peut ainsi noter qu’Universal Music, primé pour sa stratégie sur YouTube, génère déjà 30% de ses revenus au travers du digital. Pour cela, chacun des 7 labels de la marque dispose d’une organisation dédiée au digital : marketing, commercial et promotion. Une force de frappe qu’il a fallu mettre en place pour résister à l’érosion des marges dans une industrie transformée en profondeur par le numérique. Quelle industrie peut encore se croire à l’abri des changements qu’imposent le numérique ?

Cette année, le prix récompensait également les chaînes et les animateurs de télévision. L’émergence de la Social TV, du multi-écran, de la TV connectée, de la TV de rattrapage, sont autant de bouleversements d’une industrie également transformée par le numérique. Les médias sociaux sont un vecteur de recréation du lien avec le téléspectateur. De l’aveu du représentant d’NRJ12 primée en tant que chaîne, il est d’ailleurs aujourd’hui impossible de faire de la télé sans être présent sur Twitter. D’une certaine manière, Twitter redonne à la télévision son caractère social d’origine, lorsque les programmes diffusés un soir faisaient l’objet de commentaires nourris le lendemain à la machine à café, au marché, etc.

Le Grand Prix du Jury a distingué deux entreprises parmi les dix nominés ayant obtenu les meilleurs classements au Social Media Index. L’une, Allociné, PME du B2C avec quelques 250 salariés en France, mettant en œuvre une stratégie d’engagement et de captation de trafic vers son propre média. L’autre, Airbus, grande entreprise du B2B avec plus de 60 000 salariés dans le monde, qui a su développer une communauté de passionnés d’aéronautique. Deux entreprises très différentes et qui peuvent inspirer d’autres entreprises de taille comparable, de modèles d’activité comparables, sur des territoires comparables.

Avec cette deuxième édition, les Social Media Awards se positionnent comme le prix de référence des stratégies sur les médias sociaux. L’an prochain, il serait intéressant de réaliser des études de cas approfondies des nominés : stratégie définie, moyens déployés (humains, technologiques), arbitrages réalisés (notamment budgétaires), KPI mesurés, ROI. Ces études de cas, construites selon un cadre défini, pourront nourrir les réflexions d’entreprises souhaitant se lancer sur les médias sociaux. Un recueil à construire qui permettra à terme de faire émerger les bonnes pratiques dans ce domaine, au service du développement de l’entreprise.

Je vous invite à visiter le site des Social Media Awards où vous pouvez retrouver  l’intégralité des résultats. En guise de conclusion, et pour vous amener à réfléchir à l’utilisation que vous (ou votre entreprise) faîtes des médias sociaux, cette phrase prononcée en séance : « Celui qui n’est pas sur Twitter, c’est celui qui n’a pas essayé ». Qu’en pensez-vous ?

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